Compte-Rendu du Dimanche 13 Juillet
Accueil à la Cathédrale :
Temps de prière et Envoi dans la ville de Strasbourg
Un temps de prière a été célébré à la cathédrale
La cathédrale a été privatisée pour les compagnons et les artisans de paix invités. 2300 congressistes ont été accueillis pour un temps de prière interreligieux suivi d'un envoi des artisans de paix dans toute la ville. Au sortir de la cathédrale, les compagnons ont suivi les guides vers les lieux de rencontres tissées.
Rencontres Tissées.
Les Tables Rondes

L'Europe et la Paix
Table ronde du dimanche après-midi animée par Alfonso Zardi. Avec Charles Goerens, député européen,Sébastien Maillard, journaliste et conseiller spécial de l'Institut Jacques Delors et Valérie Regnier, présidente de Sant'Egidio France.
Les compagnons relisent le temps d'accueil :
Témoin 1
Sébastien Maillard et Charles Goerens ont présenté leur vision de la paix en Europe. Ces présentations, réalistes, sont anxiogènes. En effet, il faut que l’Europe retrouve de la puissance, que sa force d’intervention militaire croisse, etc.
Valérie Regnier, d’une façon différente, a bien confirmé qu’il fallait ouvrir les yeux sur la guerre, ne pas être indifférent. Mais en entendant le cri des pauvres, on peut soulager les souffrances par la solidarité et continuer à prier. En partant des exemples du Mozambique, où sant’Egidio a travaillé pendant 15 ans à construire la paix, et de Floribert Bwana Chui, le jeune congolais qui a été béatifié en 2024 pour être resté fidèle à ses valeurs chrétiennes, elle a montré qu’il ne fallait pas être résigné et que nous devions nous engager malgré la peur. L’assemblée en a été émue et l’a fortement applaudie. Dominique Potier, député de Meurthe et Moselle, a insisté sur la nécessité de l’engagement citoyen pour préserver les valeurs de l’Europe, la dignité humaine et l’écologie notamment.
(Le dessinateur Piet a réussi à mettre un peu d’humour et à détendre l’atmosphère.)
Le message est passé : la paix nous concerne, nous devons rester vigilant et ne pas avoir peur de nous engager.
Pierre Piton
Témoin 2
Il est bon parfois de se rappeler d’où provient cette construction européenne, issue de guerres et d’idéologies destructrices, qui a permis la création d’un projet de paix : La réconciliation entre le France et l’Allemagne, le respect de l’état de droit qui autorise aux Etats de se faire confiance et à se sentir respectés, et l’interdépendance économique entre les pays membres. Mais ces trois piliers sont fragiles et peuvent être remis en cause.
Cependant, nous avons chacun le pouvoir de contribuer au développement de la paix et c’est ce qui m’a touché dans cette table ronde.
Ne soyons pas naïfs, ouvrons nos yeux aux réalités de ce monde en se tenant informés à des sources sures. Cela permet de se rappeler des bienfaits de vivre en paix.
Arrêtons de penser que nous sommes impuissants face à ces périls, impuissance qui peut mener à l’indifférence. Penser en « nous » et non en « je », redonner corps à la solidarité par exemple en participant chacun à son niveau au rétablissement des liens sociaux.
Enfin, nous Chrétiens, ne rentrons pas dans les nombreux schémas de peurs qui nous sont proposés, ne soyons pas résignés face à la montée des rapports de force.
Pour CVX, j’y ai entendu un appel à développer et mettre à disposition de notre environnement proche nos capacités d’écoute, de médiation, de communication non violente pour tisser ces liens sociaux. Osons être acteur dans la société, et pourquoi pas rejoindre une action politique. N’ayons pas peur !
Anonyme
Les Religions et la Paix
Les compagnons relisent la table ronde :
Témoin 1
Dora, Lilla , Petra: 3 femmes à la voix ferme, assises dans une église catholique qui se prêtent avec bonne volonté aux questions d’un animateur.
Dora, Lilla, Petra: une juive, une musulmane, une protestante; 3 croyantes engagées dans le dialogue interreligieux;
Dora, Lilla, Petra: 3 histoires d’enfance entre Alsace sous la botte nazie, Tunisie française, Allemagne de l’après-guerre et du « plus jamais ça »;
Dora, Lilla, Petra: 3 femmes dont l’histoire singulière est traversée par le racisme, la violence de la bêtise, le poids du passé et du péché mais aussi, mais surtout la passion de l’espérance, la volonté de la rencontre, la force de l’intelligence pour sans relâche écouter, dialoguer, creuser le savoir et la culture, la musique et la littérature
Dora, Lille, Petra: 3 femmes qui ont choisi la paix
Marie laure Dubus
Témoin 2
30 degrés dehors, nous apprécions la douce fraicheur de l’église moderne du Christ ressuscité en y entrant. Nous, un groupe de 200 compagnons désireux d’entendre les trois femmes devant nous, sur les « religions et la paix ».
Le sujet est ardu et un premier temps de silence partagé nous permet de nous remémorer les nombreux conflits qui prennent les religions pour prétextes. Pourtant la table ronde est pleine d’espoir : les trois religions chrétienne, juive et musulmane se rejoignent en évoquant la paix dans les textes, les prières et les chants. Dans ces trois religions nous sommes frères et sœurs dans la fraternité d’Abraham. Nous sommes exhortés à nous mettre à la place de notre prochain avec résilience, ce qui ne va pas de soi. Les propos sont profonds mais rassurants.
La rencontre de ces trois religions et de ces trois femmes est pour moi un beau signe d’espoir, une invitation à me mettre en marche et à aller à la rencontre de l’autre.
Erwan Vasserot



Ecologie et Paix
La CVX traversée par les tensions du monde »
Témoin 1
Qu’est-ce qui m’a touchée :
J’ai senti, entendu battre le cœur de la communauté mondiale ! Nous avons en effet écouté les témoignages de compagnons de Nouvelle Zélande, de Taïwan, de Floride (US), du Mexique, d’Egypte, de Pologne, du Liban, de Centre-Afrique, de Syrie, et de l’exco mondiale/Rome. Tout à tour, ils ont évoqué des situations de tensions, de conflits auxquelles la CVX de leur région du monde a été ou est encore confrontée : ils ont partagé comment cela a résonné en eux, ce qu’ils ont décidé et mis en œuvre, et les fruits, avancées et enseignements qu’ils ont pu retirer de leur expérience.
J’ai entendu combien les dimensions humaine et relationnelle primaient sur les différences religieuses et idéologiques et les dépassaient, notamment par le travail du dialogue, et cela m’a profondément réjouie. J’en suis ressortie solidaire de ces compagnes et compagnon lointains et reconnaissante envers eux pour leurs actions en faveur de la paix, “ils ne sont pas restés sourds”. Quelques exemples : venir en aide concrètement à ceux qui ont tout perdu, former des “volontaires de la paix” dans les quartiers, oser des retraites spirituelles avec des chrétiens et des musulmans, chercher à connaître la culture de l’autre différent près de moi, découvrir au-delà des désaccords politiques un socle commun profond qui nous garde unis, prières pour traverser la peur, etc… Etre témoin d’expériences qui ont abouti ou ont fait avancer la paix, cela m’enseigne, mais aussi m’encourage à discerner et agir là où je suis.
J’ai perçu une grande écoute dans la salle et même un désir d’écoute qui s’est parfois un peu agacé au début de ne pas bien entendre ou de ne pas bien voir, jusqu’à ce que les moyens techniques s’ajustent mieux ! 😊
J’ai été émue d’entendre Antoinette, une compagne syrienne, parler en arabe et être traduite par Najat, sa voisine libanaise.
Quelle interpellation pour la communauté ?
Toutes ces expériences partagées par mes compagnons montrent que nous avons des moyens ignatiens pour nous réconcilier dans la communauté (cités sans ordre et à panacher) : répondre aux besoins avec joie, poser un cadre bienveillant, écouter sans juger l’autre, être centré sur le Christ, entrer par la porte de la gratitude, entrer dans le processus du dialogue qui fait qu’on commence par exprimer ses émotions, puis on se parle de plus en plus profond, jusqu’à toucher le lieu de la relation où peut naître la réconciliation. Il y a aussi l’effort de chercher à sauver la proposition de l’autre.
Nous appartenons à une communauté mondiale, et nous pouvons déjà l’expérimenter dans le fait d’avoir une orientation commune avec une manière de regarder le monde et d’agir, de marcher dans une même direction. Nous partageons aussi une même spiritualité : assez vite, nous partageons sur nos vies, prions et cherchons à discerner, décider, relire avec d’autres. Cette table ronde nous invite à vivre un autre aspect de notre appartenance à une communauté mondiale : nous sentir en solidarité de cœur avec d’autres membres de la communauté même lointains, eux aussi reliés par le cœur. Nous ne pouvons pas nous oublier les uns les autres.
En quoi cela fait-il grandir notre appel à être artisans de paix ?
Toutes ces expériences partagées sont comme des petites « Jérusalem, lieu de la paix » et si la paix est possible à Jérusalem, elle sera possible ailleurs ; nous sommes responsables des petites Jérusalem près de nous, pour que la paix s’étende.
Merci à Thierry Anne (sj) pour l’animation de cette table ronde, et pour ses interventions éclairantes.
Agnès Mélis
Témoin 2
J’ai été touchée par la démarche de la CVX en Pologne . Cette Cvx est traversée par deux positions opposées de ses membres face à la guerre en Ukraine . Les responsables ont senti que cette opposition mettait en danger l’unité de la CVX. Les responsables ont donc eu le courage d’amener les compagnons de position opposée à dialoguer pour que chacun puisse comprendre les raisons qui conduisaient chaque compagnons à telle position SANS VOULOIR LE FAIRE CHANGER. Cette démarche : ECOUTER / COMPRENDRE /RESPECTER a sauvegardé , en gardant la différence, l’unité de la CVX .
En France quelles sont les tensions,repérées par l’ESCN, qui menacent l’unité de la CVX ? Qu’en fait on ?
Témoin 3
Cet après midi je suis invitée en Syrie, Australie, Floride, Mexique, Égypte, Liban, Pologne et Centre Afrique notre « filleule ».
Composition de lieu, contemplation….
Prendre conscience des lieux de tension, d’incompréhension, de ségrégation, d’insécurité, de peur, de guerre.
J’écoute les récits. Ils témoignent de l’écoute patiente, des fruits mûris par l’exercice du présupposé favorable pour chacun, dans toutes situations, par la prière et le discernement.
Comprendre et approfondir.
J’entre dans la scène et me fais proche de mes compagnes et compagnons d’ailleurs, solidaire de cœur... J’écoute que dira le Seigneur Dieu ? ...Ps 84, 9
Accueillir l’autre différent, le recevoir comme frère, accepter d’en devenir le gardien dans ses besoins essentiels pour la vie, nourriture, santé, sécurité, égalité, fraternité, liberté.
Que l’Esprit-Saint soutienne notre appel à construire une communauté à dimension apostolique.
...Ce qu’il dit c’est la paix pour son peuple. Ps 84, 9
Je rends grâces pour cette rencontre de communautés locales, lointaines et pourtant sœurs.
Merci à l’ExCo d’accompagner et de relier nos communautés
Arlette Thomy
Ecologie et Paix, un chemin de conversion intérieure :
Le congrès CVX 2025 a eu lieu à Strasbourg cette année. RCF Alsace était pour vous à la rencontre sur l'écologie qui a eu lieu au Temple Neuf. Ces rencontres sont organisées pour découvrir des artisans de paix à l’œuvre dans différents lieux, immergés dans des réalités aux multiples facettes.
Pour aller plus loin :
Les compagnons relisent la table ronde :
Témoin 1
L’écologie intégrale selon le pape François inclut la paix intérieure. Pas facile de la trouver face à nos émotions devant la dégradation de la nature. Je retiens l’importance de les nommer et de les partager, dans l’Église ou d’autres cercles. Cela relie fortement. En échangeant avec des non-chrétiens, on peut redécouvrir paradoxalement la capacité de mobilisation de l’Évangile.
Les institutions sont dépassées par la rapidité des changements. Aux chrétiens de rejoindre des collectifs, de "mettre les pieds dans le plat" mais en veillant à ne pas ajouter des clivages à notre société : un équilibre délicat à trouver. Nous avons à être des "apprenants permanents" en nous rappelant que la paix est non seulement une mission mais aussi un don de Dieu.
Jean-Louis
Témoin 2
Dans le Temple-Neuf présenté comme une forêt, j’ai vécu cette table-ronde comme un chemin d’Emmaüs, de compagnons partis tristes, désolés et revenus dynamisés, heureux. Ce qui m’a marquée ce ne sont pas tant les résistances et les émotions négatives que le chemin de paix et de force intérieure nécessaire pour se convertir. La joie, la confiance et l’élan qui nous permettent de vivre des expériences dérangeantes, d’oser une parole, parfois tranchante, en restant dans la paix, au cœur du monde. L’Eglise, les églises, les institutions sont peu réceptives à cette Parole d’évangile, de partage, vécue par le Christ. Mais nous pouvons témoigner de la joie offerte par nos relations à la création, à soi, aux autres, à Dieu, cultiver la spiritualité de la joie, tisser des liens et, bien sûr, vivre les choses collectivement. Aider, sans limite, en construisant, avec d’autres compagnons, une proposition pour accompagner, pour offrir autour de nous, ce chemin de conversion.
Brigitte Jeanjean
Témoin 3
L’urgence écologique est une source de conflits relationnels, notamment par les injonctions contradictoires et les messages dissonants. Comment parler de la gravité du sujet sans transmettre l’angoisse, s’assombrir les uns les autres ? Il faut oser des paroles tranchantes mais sans blesser, sans activer les clivages.
L’appel à la conversion écologique nous invite à vivre un chemin d’Emmaüs. Un chemin où l’on partage en compagnons sur nos joies et nos espoirs, nos inquiétudes et nos peurs. Et, à un moment, une rencontre nous apportera une vision à la fois inspirante et pacifiante. Cette rencontre créera un profond désir de repartir sur un nouveau chemin de vie.
Une ressource spirituelle précieuse pour notre conversion écologique : la dimension du pardon. On se juge souvent « impardonnable » par rapport à notre négligence écologique. Cette culpabilité soit on la refuse (je n’ai pas choisi de vivre dans ce monde), soit elle nous bloque et nous conduit à l’immobilisme.
On peut s’inspirer de la parabole du fils prodigue qui a dilapidé l’ensemble de l’héritage du père. Mais dès qu’il amorce un mouvement de retour, Dieu l’accueille. Dieu nous attend dans ce mouvement de conversion. Savoir ainsi demander pardon à Dieu à chaque fois je ne suis pas ajusté dans mes actions.
Comment cheminer plus loin en paix et en fraternité dans la maison commune ?
Convertir son regard sur le monde au risque de cynisme. Être vigilant de rester dans une énergie positive face au monde. Partager nos joies, nos réussites, ce qui nous rend heureux, l’enthousiasme de nos engagements.
Sortir ! Aller au contact des personnes militantes ! Vivre des expériences déplaçantes peut nous aider à trouver une nouvelle manière d’avancer.
Ce que j’observe dans ces milieux militants me ramène à ma source en tant que chrétien : le message du Christ qui nous appelle à la pauvreté et au bien commun. Ces militants nous rappellent que le premier problème à la conversion écologique est la richesse qui accapare les ressources de la terre, crée des inégalités et pèse sur l’écologie ! C’est un appel à se convertir dans notre rapport à l’argent et aux biens.
Le premier appel est de faire des efforts à mon échelle, mais on se rend compte rapidement qu’il est nécessaire d’agir dans une dimension institutionnelle et politique. L’engagement politique ? Ne pas le réduire aux institutions politiques ! C’est tout simplement rejoindre des lieux communautaires où l’on a cœur d’agir collectivement On a besoin de pratiques, d’initiatives collectives !
Soigner ma relation au vivant. C’est par exemple laisser mon jardin s’ensauvager … Cultiver l’émerveillement, passer du temps avec le vivant pour qu’il me transforme. Tout cela change mon rapport à la terre.
Caroline Toulemonde
Les Expériments
Célébration eucharistique
Veillée "festive"
Au clair de lune avec Madeleine